Une aventure avec un club, ce n’est pas toujours un parcours réussi. Ça ne marche pas à tous les coups.
«J’ai fait trois passages au CSS qui ont été satisfaisants et qui ont laissé de très beaux souvenirs. La quatrième expérience de cette saison n’est pas la bonne. C’est ça le métier d’un entraîneur. Il n’y a pas que les succès et la vie en rose. Il y a aussi les échecs et les grosses déceptions. Je vais prendre un peu de repos, discuter avec le président du club et s’il y a nécessité pour que je fasse mes valises dans l’intérêt du CSS, eh bien je partirai». C’était la déclaration de Nabil Kouki après le match perdu dans les dernières minutes contre l’USM. Il a reconnu le mérite des Usémistes qui ont su choisir le moment idéal pour arracher les trois points. «Ils ont été mieux organisés que nous, plus disciplinés dans leur jeu et ont été justement récompensés en fin de match», a-t-il avoué. Le but de la victoire était plus que bien travaillé. Il a été magnifique dans sa conception et dans sa finition. Une-deux dans un mouchoir, en pleine surface sfaxienne entre Bilel Ayet Malek et Mourad Soltani qui a été ponctuée par une frappe puissante de l’intérieur du pied de Bilel sous la barre transversale de Sabri Ben Hassen (89’). Le portier sfaxien s’est démené pourtant comme un beau diable en multipliant les arrêts et les parades, mais on sentait au fil des minutes qu’il ne faisait en fait que retarder une terrible échéance. Ce but encaissé a montré la fébrilité et la vulnérabilité d’une charnière centrale modifiée par la force des choses et composée par le duo Adem Bellamine- Koffi Constant Kouamé (Mohamed Nasraoui n’est pas encore rétabli et Chawki Ben Khedher purge son 3e avertissement). La plus désagréable des surprises a été les deux matches de suspension dont a écopé Alâa Ghram suite à sa participation alors qu’il était sous le coup d’une suspension pour 3e avertissement contre le ST. Le CSS, qui n’a découvert sa bévue monumentale qu’après le match, s’est dépêché de demander à la Ligue la régularisation de la situation de son joueur.
Après les 5 étrangers qui ont participé en même temps au match contre l’USBG la saison écoulée et qui ont coûté aux Noir et Blanc la perte du match par pénalité, le cas Alâa Ghram montre à quel point l’administration du CSS a sa part de responsabilité dans cette période sombre de l’histoire du club. Ce coup dur a, bien entendu, chambardé tout le plan de jeu de Nabil Kouki. Koffi Constant Kouamé manquait de compétition et Adem Bellamine n’est pas encore bien ancré dans le groupe comme élément de base. Au milieu de terrain, l’absence de Fodé Camara, qui a rejoint son pays pour obligation avec son équipe nationale et l’obstination à garder Chadi Hammami comme pion incontournable du dispositif n’ont fait que dérégler davantage le système en 4-2-3-1. Les trois milieux offensifs Chadi Hammami, Houssem Habbassi et Baraket Lahmidi étaient une mauvaise formule qui n’a pas réussi à bien huiler le jeu d’attaque et à donner au jeune attaquant Amor Ben Ali un bonne nombre de passes décisives dans les intervalles avec une défense usémiste en béton. L’entrée de Youssef Becha, de Diby Berenger et de Abdallah Amri, avec le retour au 4-3-3, n’a pas changé grand-chose dans l’animation offensive hormis une tête sur le poteau de l’Ivoirien. «Il y a eu trop de déchets dans notre jeu en première mi-temps», a expliqué Nabil Kouki. «En seconde période et surtout à la fin, on a joué le tout pour le tout pour marquer le but libérateur, car même un nul aurait été insuffisant et synonyme de défaite pour un match à domicile et devant notre public. Ça n’a pas été payant car on a pris un but contre le cours du jeu. Dommage pour nous, c’est tout ce que je peux dire», a-t-il conclu.
Héritage lourd
Le président Abdelaziz Makhloufi, qui s’est empressé dès son élection d’annoncer des réformes rapides et de promettre un nouveau visage du CSS et des résultats meilleurs, se rend de plus en plus compte qu’il est allé un peu trop vite en besogne. L’héritage est bien plus lourd qu’il ne l’avait pensé et il va falloir faire preuve de beaucoup de patience et de savoir-faire pour remonter la dure pente et éviter des lendemains qui déchantent. La première question épineuse à résoudre concerne le staff technique. Nabil Kouki n’a plus de corde à son arc pour rectifier les choses. Il est prêt à laisser la place. A Abdelaziz Makhloufi de décider au plus vite pour profiter pleinement de la petite trêve et corriger ce qui peut l’être, même si, avec un tel effectif, il ne faut pas s’attendre à des miracles.